Définition
Les phobies sont des peurs irraisonnées, stables, sans fondement réel et continue d’un objet, d’un être vivant ou d’une situation déterminée qui, en eux-mêmes, ne
présentent aucun danger.
Le sujet est conscient de l’irrationalité de sa phobie et il souffre du fait que son comportement est régi par l’évitement du stimulus phobogène et la crainte d’y être confronté inopinément (Grand dictionnaire de la Psychologie LAROUSSE, 1994). Le sujet peut arriver à aborder ces situations phobogènes à l’aide d’un objet ou d’une personne contra phobique.
On comprend par cette définition que la phobie est réactionnelle. Le terme obsédant est habituellement relatif à une préoccupation intérieure relevant plus des TOC. On peut d’ailleurs noter qu’il existe un désordre sémantique dans l’utilisation du terme « phobie » cela est dû à cette confusion entre les préoccupations obsédantes intériorisée (comme TOC) et les angoisses plus extériorisées et réactionnelles. Les phobies représentent une des façons qu’a l’anxiété humaine d’anticiper des dangers imaginaires, et doivent donc être distinguées de la peur.
Distinction : Phobie/ Peur
La peur se définit comme un ensemble de réactions qui accompagnent la prise de conscience d’un danger ou d’une menace. C’est une émotion universelle qui a le rôle de signal d’alarme nécessaire à la survie de l’individu et à la préservation de l’espèce. Elle a donc une fonction indispensable dont l’absence n’est pas souhaitable.
Si la peur est raisonnable il ne s’agit pas d’une phobie.
Les Manifestations phobiques sont de trois types :
Nous le verrons par la suite, ces trois dimensions constituent la colonne vertébrale d’une prise en charge psychothérapeutique.
EPIDEMIOLOGIE
La phobie est une véritable pathologie qui touche presque 12% de la population . C’est l’une des maladies psychiatriques les plus fréquentes. Au cours de la vie 12.5% de la population générale présentera une phobie. (tous types confondus). Cela est essentiellement vrai dans la populations féminine (67% des phobies apparaissent chez des femmes).
DIAGNOSTIC DES PHOBIES SELON LE DSM IV ET DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS
Phobie spécifique (auparavant Phobie simple) selon le DSM IV
A. Peur persistante et intense à caractère irraisonnée ou bien excessive, déclenchée par la présence ou l’anticipation de la confrontation à un objet ou une situation spécifique.
B. L’exposition au stimulus générateur d’angoisse provoque de façon quasi systématique une réaction anxieuse immédiate qui peut prendre la forme d’une attaque de panique liée à la situation ou facilitée par la situation.
NB : Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des accès de colère, des réactions de figement ou d’agrippement.
C. le sujet reconnaît le caractère excessif ou irrationnel de la peur.
NB : Chez l’enfant, ce caractère peut être absent.
D. La (les) situation(s) phobogènes(s) est (sont) évitée(s) ou vécue(s) avec une anxiété ou une détresse intense.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situation(s) redoutée(s) perturbent, de façon importante les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles (ou scolaires) ou bien ses activités sociales ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
F. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 6 mois.
G. L’anxiété, les Attaques de panique ou l’évitement phobique associé à l’objet ou à la situation spécifique ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental tel un Trouble obsessionnel-compulsif, un Etat de stress post traumatique, un Trouble anxiété de séparation, une Phobie sociale, un Trouble de panique avec agoraphobie ou une Agoraphobie sans antécédents de trouble panique.
Types de phobies
Il faut spécifier le type de phobie. Pour sa part, le DSM IV définit cinq grands types de phobies spécifiques, classés en fonction des objets phobogènes :
Type animal : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par un objet ou une situation unique, produite par un mouvement de l’animal (reptation), son apparence physique, le son qu’il émet (ex :miaulement), contact physique avec cet animal. Les craintes exprimées sont souvent liées au risque d’agression. Les animaux source d’angoisse sont dans l’ordre les insectes, les souris et les serpents.
Type environnement naturel : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par des éléments de l’environnement naturel tels les orages et tempêtes (cheimophobie), le tonnerre (bronthémophobie), les éclairs (astraphobie), l’eau (2 à 4 % des enfants ), le vide ( 12 % ex : incapacité à s’approcher d’une fenêtre en étage, balcon , ski), l’obscurité. Ce sous-type concerne essentiellement les femmes (75 à 90%).
Type sang/injection/accident : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par le fait de voir du sang ou un accident ou d’avoir une injection ou toute autre procédure médicale invasive. L’hématophobie est déclenchée à la vue du matériel d’intervention médicale ; lors des actes de laboratoires ( prise de sang) ou à la simple odeur du sang. Souvent celle-ci est liée à la peur de la viande (créatophobie), la peur des épingles et des aiguilles (bélonéphobie). Lors de la confrontation avec les objets phobogènes, le rythme cardiaque ralentit, parfois il y a évanouissement (contraire des autres phobies). Cela conduit le phobique à négliger sa santé. Ce sous-type concerne essentiellement les femmes (50 à 70 %). La phobie du sang se distingue des autres phobies par le fait que le sujet phobique, à la vue du sang perd connaissance. Cet évanouissement est lié à un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie), alors que toutes les autres situations phobiques provoquent au contraire une accélération du rythme cardiaque (tachycardie).
Type situationnel : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par une situation spécifique comme les transports publics, les tunnels, les ponts, les ascenseurs, les voyages aériens, le fait de conduire une voiture ou les endroits clos.
Illustrations
Le diagnostic différentiel de la phobie spécifique
Trouble de panique avec agoraphobie :
Ce trouble est caractérisé par un début d’attaques de panique inattendues et par un évitement consécutif de multiples situations supposées être des situations déclenchantes probables pour les attaques de panique. Le sujet présente des attaques de panique en dehors de la situation phobogène. Les sujets ayant une phobie spécifique ne présentent pas d’anxiété envahissante
car leur peur est limitée à des objets ou situation spécifiques. Cependant, il est important de noter que certains phobiques peuvent présenter à certains moments une anticipation anxieuse généralisée, notamment lorsque le fait de rencontrer le stimulus phobogène devient de plus en plus probable, ou encore, lorsque les évènements de la vie les obligent à une confrontation immédiate avec le stimulus phobogène. Quatre éléments nous permettent de distinguer le diagnostic de la phobie spécifique de celui du trouble panique avec agoraphobie. Il s’agit de :
Trouble de panique sans agoraphobie :
Dans ce cas, le sujet a des attaques de panique inattendues supplémentaires dans des situations de tout ordre, mais sans qu’un évitement ne se mette en place.
Phobie sociale
On la distingue de la phobie spécifique notamment en fonction de l’objet de la peur. Les peurs du phobique social font référence exclusivement à des situations sociales.
Trouble obsessionnel compulsif
Dans le trouble obsessionnel compulsif, une idée s’impose au sujet dans certaines situations de façon incoercible et devient peu à peu une obsession. Celle-ci peut parfois se rattacher à d’autres idées. Ces obsessions amènent le sujet à développer des activités ritualisées. Contrairement au TOC, le sujet phobique diminuera son anxiété non pas par des rituels mais par de l’évitement.
L’hypocondrie
Ce qui permet de trancher en faveur de tel ou tel diagnostic c’est la présence ou l’absence de la conviction d’être malade. Les sujets hypocondriaques sont préoccupés par la crainte d’avoir une maladie, alors que les sujets ayant une phobie spécifique, ont peur de contracter une maladie.
Les troubles alimentaires
La boulimie et l’anorexie se distinguent de la phobie spécifique dans le sens où le comportement d’évitement est, dans les troubles alimentaires exclusivement limité à l’évitement de la nourriture et des éléments liés à celle-ci.
Les troubles psychotiques
Les sujets présentant un trouble psychotique peuvent éviter certaines activités en réponse aux idées délirantes, mais, ils ne reconnaissent pas le caractère excessif ou déraisonnable de leur peur.
Remarque :
On ne soigne pas mieux certaines phobies que d’autres ; ce qui fait toute la différence est la présence ou non de troubles associés. Il faut d’abord traiter le trouble (par exemple une dépression) afin d’isoler la phobie.
EN BREF :
De manière générale, on constate souvent les réactions suivantes chez les personnes phobiques :
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